Ni simple reflet du monde matériel, ni pur fruit de notre imagination subjective, notre perception du réel est façonnée par l'environnement personnel, social et physique dans lequel nous validons nos expériences. En compagnie d'Hélène Mugnier au Musée d’Orsay, Albert Moukheiber, neuroscientifique, regarde et commente L’origine du monde de Courbet puis Le Fifre de Manet. Il explique que l'art comme la science procèdent du désir de rendre hommage au monde naturel, qu’ils cherchent à exprimer de manière absolue, contribuant ainsi à construire une réalité commune.

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Alors que les dispositifs d’éducation à l’image sont fragilisés, le cinéma Jean Eustache de Pessac ou Les Arts à Montivilliers résistent encore. Carole Desbarats y a recueilli la parole d’enfants de 7 à 12 ans venus voir Les Temps modernes : entre poésie et lucidité, leurs mots prouvent qu'il n'y a pas d'âge pour être sensible à l’art de Chaplin.

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« La machine n’est rien d’autre que nous-mêmes »
Alexandre Gefen, co-commissaire de l’exposition Le Monde selon l’IA, qui a ouvert le 11 avril au Musée du Jeu de Paume à Paris, décode pour nous la manière dont les artistes jouent et déjouent l’IA. De l’outil, ils font plus qu’une technique neuve après tant d'autres. Mais si rupture il y a, où la situer ? C’est la question qui balise l’exposition. Inscrite dans le temps long de l’histoire de l’art, la diversité des œuvres présentées surprend. Face à l’IA, ou plutôt avec elle, la création artistique élargit le champ et décale avec inventivité nos interrogations sociétales, politiques, environnementales. Entretien réalisé par Hélène Mugnier.

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À l’occasion du Printemps des Arts de Monte-Carlo, Emmanuelle Saulnier-Cassia s’entretient avec Bruno Mantovani pour revenir sur la figure complexe et radicale de Pierre Boulez, dont il fut l’élève, l’interprète et l’héritier. Depuis l’Auditorium Rainier III, ils retracent ensemble le parcours du compositeur à travers cinq mots : écriture, labyrinthe, décloisonnement, engagement et geste.

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Dans son spectacle Taire, la metteuse en scène Tamara Al Saadi explore la résonance contemporaine du mythe d’Antigone, en entrelaçant son destin tragique à celui d’Eden, une jeune fille placée à l’Aide sociale à l’enfance. Au Théâtre de la Criée à Marseille, elle revient avec Rémi Baille sur le poids des non-dits familiaux et la nécessité de faire entendre les voix d’enfants réduites au silence.

« On parle souvent à la place des enfants […]. Et puis parfois, quand ils basculent dans des rouages de violence ou d’oppression, on ne prend même plus le temps de faire semblant de leur poser la question, on fait les choix à leur place. »

Tamara Al Saadi, metteuse en scène

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Que reste-t-il à créer quand tout semble déjà produit ou perdu ? À deux pas du Louvre, dans un café, l’artiste Jean-Baptiste Farkas et le philosophe Francesco Masci revisitent les paradoxes de la modernité et interrogent le rôle de l’art dans un monde dominé par la technique, saturé d’images et marqué par des promesses non tenues. Au micro d’Hélène Mugnier, théorie et pratiques artistiques se rencontrent pour questionner les formes à venir de la création.

"La modernité est une machine à créer des paradoxes et à les résoudre. Mais les avant-gardes des années 20, en se retournant contre elles-mêmes, ont échoué à sauver le réel, laissant la technique occuper tout l’espace." Francesco Masci.

"Je vis dans les détritus, les ruines, les lumières de la nuit. C’est ma manière de rester vivant et de continuer à œuvrer dans un monde post-apocalyptique, où tout semble déjà perdu." Jean-Baptiste Farkas.

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Vivre sa vie ou vivre de cinéma ? À l’occasion d’une avant-première de Spectateurs !, son dernier film oscillant entre autofiction et essai, Arnaud Desplechin partage ses premières émotions de cinéma et plaide pour une vie tournée vers la cinéphilie. Dans cet échange en salle animé par Élise Domenach, la mémoire, la transmission et « voir » même deviennent matière à réflexion.

« Le spectateur, c’est celui qui vit l’expérience d’une vie qu’il ne connaîtra jamais. Le cinéma ne forme pas une opinion, il offre la possibilité d’explorer des versions de nous-mêmes, d’incarner des existences radicalement différentes. » Arnaud Desplechin, cinéaste.

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Cela fait presque 130 ans que le Théâtre du Peuple de Bussang, niché dans les Vosges, abrite une utopie qui continue de vibrer grâce à la passion et la vision de ses occupants. Au pied de Fagus, le hêtre emblématique du lieu, l’actuelle directrice, la metteuse en scène Julie Delile, se livre au micro d’Emmanuelle Saulnier-Cassia, et nous invite à découvrir un univers où le vivant et la scène ne font qu’un.

« Quand on dit théâtre du peuple, j’entends un théâtre de la diversité. Maurice Pottecher s’est toujours battu pour dire que c'est la diversité qui fait le peuple, et non le fait d'être populaire. Pour lui, il ne fallait pas confondre plebs et populus. Et moi, j’essaye d'élargir cette diversité à l’ensemble du vivant. » Julie Delille

On en parle dans cet épisode :

• Bénédicte Boisson, Marion Denizot, Le Théâtre du Peuple de Bussang. Cent vingt ans d'histoire, Arles, Actes Sud, 2015, 304 p.

• Maurice Pottecher, « Le théâtre du peuple », Revue des deux mondes, juillet 1903 : https://www.revuedesdeuxmondes.fr/article-revue/juillet-1903-3/

• Hartmut Rosa, Résonance. Une sociologie de la relation au monde, Paris, La Découverte, 2018 [2016, traduit de l’allemand par Sacha Zilberfarb et Sarah Raquillet], 536 p.

• Bruno Latour, Où atterrir ? comment s’orienter en politique. Paris, La Découverte, 2017 OU Anne Labit, « Habiter la vieillesse », Délibérée, 2023/3, n° 17, p. 35
  
  

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