Episodes

  • LE TRAIT - Episode 57 - Laurence Benaïm : le goût des autres
    Sep 6 2025

    Laurence Benaïm : le goût des autres

    Nous cherchions à interviewer Laurence Benaïm depuis près d'un an. Mais avec autant de casquettes ; journaliste (elle a travaillé pour Le Monde, L'Express et fondé Stiletto), auteur, éditrice, biographe (Saint Laurent, Marie-Laure de Noailles, Dior...) et une nouvelle biographie de la peintre italo-argentine Leonor Fini à paraître, en septembre, chez Gallimard, l'entretien a finalement eu lieu au début de l'été, à l'hôtel Nolinski (Paris 1er), un lieu qu'elle connaît bien. Elle y organise régulièrement des rencontres avec des designers et des créateurs, portée par le désir de transmettre son goût des autres, et en particulier pour les créateurs qu'elle soutient avec une passion indéfectible...
    Dans son roman « La sidération », paru en 2021, elle raconte son histoire familiale et évoque son grand père maternel polonais qui fabriquait des chapeaux et qui lui a, peut-être, transmis le goût des gestes, de l'artisanat :« J'aime la vérité et le silence des ateliers, dit-elle, la vérité des gestes, les instruments, les mots de la technique qui sont les complices de la main». Elle retrace l'histoire de ses parents médecins, juifs sépharades du côté de son père (Algérie) et ashkénazes du côté de sa mère, elle, installée à Paris durant la seconde guerre et qui doit se cacher à la campagne ; un épisode qu'elle ne racontera jamais vraiment. Sa mère ne se confiait d'ailleurs pas beaucoup et c'est son histoire, en particulier, que Laurence Benaïm s'attache à retracer dans ce roman alors qu'elle tombe gravement malade. « C'est un livre écrit sous forme d'une grande lettre : ce que je n'ai pas pu lui dire ».
    Elle a voulu « documenter », dit-elle, l'histoire de sa mère comme elle « documente » ses biographies : un travail d'enquête « Tout savoir, s'imprégner pour arriver à quelque chose de poétique ». La biographie de Saint-Laurent, qui est devenue un ouvrage de référence, lui a pris à peu près sept ans. Elle cite comme modèle Stephen Zweig et Pierro Citati.
    Laurence Benaïm est aussi la biographe du décorateur d'intérieur Jean-Michel Frank (1895-1941). Laurence Benaïm le raconte joliment : « Le personnage s'est imposé, car j'aime les grands silencieux :il était à la fois célèbre et inconnu. Il n'a pas vraiment donné d'interviews. Son travail a finalement été extrêmement copié et a, en même temps, quelque peu disparu. Il n'a fait partie d'aucun groupe, il était solitaire. J'ai été attiré par cette personnalité. Jean Cocteau disait qu'il donnait l'impression que ses intérieurs avaient été cambriolés. Il y a dans ses créations une forme d'opulence dans la retenue, une grande sensualité associée à une grande rigueur. Une épure qui est la grâce mais n'est pas de la raideur ou du minimalisme. Comme un tailleur de diamants, il enlève pour ajouter de la lumière. Même son dépouillement a quelque chose de solaire ».
    Laurence Benaïm aime autant tant l'extravagance que la retenue quand ils sont, l'un ou l'autre « au service d'un propos ou d'une intention. Je n'aime pas les choses obligatoires ou imposées, sans regard ».
    Elle a récemment apprécié le travail d'Edi Dubien au Musée de la Chasse. Elle aime aussi Claire Tabouret, « une artiste qui cultive le sens du trait et du regard », ainsi que Jean-Philippe Delhomme.
    Dans cet épisode du Trait, Laurence Benaïm nous raconte son parcours et évoque son travail en prenant toujours soin de choisir ses mots, ce qui finalement l'importe plus que tout.


    VERBATIM

    - «J'apprends avec le temps à essayer de me délester de mes notes de lecture, qui sont comme des épingles accrochées à des robes.
    - Le créateur, c'est celui qui dessine, qui a des idées, les met en scène, raconte des histoires. L'artisan, c'est le premier d'atelier qui peut tout changer à cause d'un entoilage.
    -La virtuosité, j'essaie de la mettre dans les mots.»

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    41 mins
  • LE TRAIT - Episode 56 - L'Art de recevoir par Natacha Froger
    Aug 8 2025

    A l'hôtel avec Natacha Froger

    Le Trait poursuit sa réflexion sur le design et l'« hospitalité » avec Nathalie Froger, architecte d'intérieur chez ATOME associés. Elle nous partage sa vision dans cet épisode.
    Issue d'une école d'arts appliqués, Natacha Froger a toujours souhaité évoluer dans ce secteur. L'emblématique collaboration entre la designer André Putman et Ian Schrager, co-fondateur du célèbre Studio 54, qui a donné naissance au légendaire hôtel Morgans à New York en 1984, a profondément inspiré son choix de carrière. Cet hôtel a marqué une rupture majeure dans le monde de l'hôtellerie, en réinventant les codes de l'accueil.
    Natacha Froger explique également l'équation économique singulière qui régit le secteur hôtelier et la résilience dont cette industrie a fait preuve depuis la crise COVID-19. Elle souligne aussi la nécessité d'offrir une expérience unique, portée par la création d'un lieu doté d'âme et de sens, notamment grâce à la collaboration avec un architecte d'intérieur.
    Selon elle, les hôteliers ont compris qu'ils doivent aller plus loin. « Et nous, concepteurs, avons un rôle clé à jouer dans cette transformation. »


    VERBATIM
    « Je suis profondément attachée à cette notion de "ville dans la ville". Un hôtel est un lieu qui rassemble toutes les fonctions essentielles : l'accueil, la restauration, le bien-être, le travail. C'est un écosystème à part entière.
    L'hôtellerie se décline selon des positionnements économiques très variés, du plus accessible au grand luxe. Notre défi est de concevoir un produit qui réponde précisément aux attentes d'un segment défini, tout en conservant une ambition d'excellence.
    Ce que j'ai toujours recherché dans mes équipes, ce sont des profils pluriels, des talents venus d'horizons différents, capables d'enrichir le projet par la diversité de leurs regards.
    Le programme est la colonne vertébrale du projet. Il intègre toutes les données économiques et de gestion nécessaires à l'exploitation de l'hôtel. C'est sur cette base solide que l'on conçoit un produit cohérent, désirable, et surtout pérenne. Il ne s'agit pas seulement de créer un bel objet, mais de proposer un outil de travail performant pour l'exploitant. »

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    56 mins
  • LE TRAIT - Episode 55 - Alias Mathias
    Jul 11 2025

    Le Trait a rencontré le « créateur » Mathias au salon « Révélations », qui a eu lieu au Grand palais en mai dernier.
    Mathias est le nom qu’il a emprunté à 29 ans pour repartir à zéro. Il s’est alors installé comme artisan rue de Charenton (12e) : «Cela a été 15 ans de labeur ; une période très perturbante, très difficile. Je me suis toujours dit que si je m’en sortais, j’aiderais les jeunes ». Il a tenu sa promesse en lançant l’association Matières libres en 2015 qui chaque année octroie le Prix Mathias doté d’une somme de 6000 euros, ouvert aux jeunes créateurs de moins de 30 ans sortant d’écoles ou autodidactes. Le jury est choisi parmi des personnalités des arts appliqués, du design, de la décoration, des médias ou chefs d’entreprise. L’originalité, le savoir-faire et la liberté créative sont particulièrement récompensés. Depuis 2023, la maison Baccarat (avec laquelle Mathias collabore depuis toujours dans son travail de designer) décerne aussi le prix «Alchimie de la joie», une résidence d’un mois à la manufacture Baccarat (Meurthe-et-Moselle). Il est encore possible de candidater pour le prix 2025 (jusque fin juillet).
    La découverte du verre a été capitale. Il trouve un procédé de verrerie qui pendant 15 ans lui a permis de «faire la plus belle verrerie du monde, après on m’a copié. Je me suis rendu compte que je pouvais utiliser d’autres matières. J’ai fait des couverts, des nappes ... ». La griffe Matthias était partout. Mathias estime que les jeunes designers doivent résister et imposer leur signature, même si c’est difficile. « La signature, c’est la vie ».
    Matthias a accepté de nous raconter avec passion et une grande émotion son parcours...
    institut-savoirfaire.fr/sites/default/files/brochure_-_mathias_matieres_libres_2019.pdf
    Révélations biennale internationale des métiers d'art et création
    VERBATIM
    «J’ai commencé en 1972 au fond d’une cour d’immeuble. J’étais heureux mais le défi était de réussir et d’être reconnu.»
    «La parution dans un magazine vous donne la reconnaissance mais ne vous fait pas vivre. À l’époque, on n’avait pas les réseaux sociaux pour se faire connaître.»
    «J’ai pris l’appellation : Créations Mathias. Pour moi, création, c’est le mot essentiel de la vie. Mais personne ne l’utilisait à l’époque. Je ne me dis pas designer, c’est un terme anglais qui n’a rien à voir avec ce que l’on fait. Le mot designer ne rend pas compte du métier de la main. Je ne me revendique pas artiste. Dès que l’on produit en multiple, nous ne sommes plus des artistes.»
    «La signature c’est la richesse de la vie.»
    «L’âme est ce qu’il y a de plus important dans la création.»



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    59 mins
  • LE TRAIT - Episode 54 - Nathalie Obadia : galeriste puissante
    Apr 15 2025

    La réputation de Nathalie Obadia n'est plus à faire. Déterminée, énergique et passionnée, elle incarne pleinement ces qualités lorsque nous la rencontrons dans sa galerie du Faubourg Saint-Honoré, un matin d'avril. Nous souhaitions l'interroger sur son parcours de galeriste entamé il y a un peu plus de 30 ans, en 1993, lorsqu'elle ouvre sa première galerie rue de Normandie (Paris 3e), ainsi que sur son livre récemment paru, "Figures de l'art contemporain. Des esprits conquérants", aux éditions Cavalier Bleu.

    Nathalie Obadia s'est imposée dans le cercle très fermé des galeristes. Elle raconte qu'à 13 ans déjà, elle visitait des galeries, engageant des conversations avec Mathias Fels, Jean-Marc Lambert, et d'autres figures du milieu. Daniel Varenne a même vendu à ses parents une œuvre de Tom Wesselmann. Passionnés par l'art, ses parents ont commencé une collection de pop art. Bien qu'elle vienne d'un milieu sans grande fortune, l'art y occupait une place centrale. Selon elle, la démarche de ses parents était atypique pour l'époque, car les acheteurs d'art étaient principalement issus de grandes dynasties familiales, dit-elle. Aujourd'hui, elle est convaincue qu'il est possible de constituer une collection sans nécessairement disposer de moyens considérables, mais en nourrissant avant tout une grande curiosité (mot qui reviendra souvent dans la discussion).
    Les grands-parents de Nathalie Obadia étaient commerçants, ce qui lui a peut-être transmis une fibre commerciale. Elle dit apprécier particulièrement l'échange, le contact.
    Par sécurité, elle entreprend des études de droit puis Science po en relations internationales qu'elle a d'ailleurs retrouvé comme intervenante: l'ancien directeur de l'IEP, Frédéric Mion, lui ayant confié un cours sur l'analyse du marché de l'art contemporain.

    Nathalie Obadia effectue plusieurs stages, notamment chez Maeght, avant de se lancer dans l'aventure d'une galerie.
    Nathalie Obadia dégage une impression de mouvement constant, de vigilance, malgre son succès. Mot qu'elle réfute toutefois : "Je ne vois pas mon parcours comme un succès. Il y a encore tellement à faire. Le métier a beaucoup évolué. Il n'y a pas de rente de situation. Chaque matin est un défi. Il faut trouver des projets pour les artistes que l'on défend, inventer des ventes, susciter des envies, et, bien connaître son environnement, à la fois national et international."

    Dans son ouvrage "Figures de l'art contemporain", Nathalie Obadia aborde un sujet essentiel : la nécessité de canaux de légitimation dans le monde de l'art, en particuluer avec l'émergence de l'art conceptuel. Elle situe cette rupture à la fin des années 1960 : "On s'est progressivement éloigné de la notion de beauté kantienne. Un objet peut devenir une œuvre d'art, mais ce n'est pas automatique. Il faut des intermédiaires pour le légitimer, comme par exemple les curateurs." Lorsqu'on lui demande si l'art conceptuel ne va pas parfois trop loin, elle répond que, selon elle, il existe plusieurs voies possibles pour un artiste. Et c'est le temps qui tranchera : "Il ne restera que les bons."

    VERBATIM
    "À 15-16 ans, j'ai fait des stages chez Adrien Maeght, en Italie chez des marchands, et chez Daniel Varenne qui avait vendu à mes parents une œuvre de Tom Wesselmann.
    -J'ai préféré faire des études plus classiques en droit et en sciences politiques, en relations internationales.
    -Le rôle du galeriste, c'est un peu celui d'un agent d'art. Je choisis de défendre un artiste. J'influence les gens influents : curateurs, critiques d'art, collectionneurs prescripteurs. -Mon rôle est de faire avancer la cause des artistes que je défends auprès de ces personnes. Une galerie de haut niveau a accès aux grandes foires, aux collectionneurs importants, aux musées. On peut redécouvrir un artiste. Cela a été le cas pour Martin Barré, qui est décédé en 1993.

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    51 mins
  • LE TRAIT - Episode 53 - L'archi harmonie d'AW2
    Feb 27 2025

    Réda Amalou et Stéphanie Ledoux.
    En mode workshop.

    Ce nouvel épisode du Trait met en lumière le duo Réda Amalou et Stéphanie Ledoux à la tête de l’agence AW2 (pour Architecture Workshop).

    Réda Amalou, diplômé de l’Université de East London, fonde l’agence en 1997, avant que Stéphanie Ledoux, diplômée de l’École Spéciale d’Architecture de Paris, ne le rejoigne en 2000.

    Le premier projet de l’agence s’avère déterminant et fondateur: des médecins français leur confient la création d’un hôpital au Vietnam. Ce projet représentait à la fois un risque, comme le raconte Réda Amalou, mais aussi une formidable opportunité. « En tant qu’architectes, nous ne sommes ni hôteliers ni médecins, et ces types de bâtiments, avec leur fonction très forte, imposent des contraintes spécifiques. Mais nous croyons que l’architecture peut créer des espaces qui redéfinissent les lieux et modifient notre manière de les appréhender. »

    D’autres projets, hôteliers cette fois, ont suivi.

    Les deux architectes partagent une vision forte de leur métier, centrée sur la nécessité de remettre la beauté au cœur de l’architecture. Cette démarche se reflète dans les projets de l’agence, visibles sur leur site. « Nous avons trop longtemps imaginé que l’architecture devait répondre à une idéologie, fondée sur des principes rigides. La réalité, c’est que ces principes étaient appliqués de manière systématique. L’architecture, pour nous, n’est pas une question d’idéologie, mais d’idées. Cette quête du beau et de l’esthétique s’incarne dans le lien émotionnel que nous tissons avec l’utilisateur et l’espace. Nous ne cherchons pas à définir ce qu’est le beau, mais à atteindre quelque chose qui nous semble à la fois sensible et intelligent ».

    Parmi les architectes qui les inspirent, il y en particulier le Sri-lankais Geoffrey Bawa (1919-2003) qui incarne, pour eux, cette sensibilité du lieu, la prise en compte du contexte naturel et végétal. Réda Amalou et Stéphanie Ledoux insistent d’ailleurs beaucoup sur le lien entre l’architecture et la vie qui fait que «nous allons atteindre le beau. Il y a un lien avec la scénographie : mettre en place les perspectives, le rapport au vide à la matière, à la lumière... ».

    Verbatim
    « Le workshop est essentiel pour nous. C’est le lieu où nous créons, où nous fabriquons, où nous rendons les idées tangibles. La création de réalité est un élément clé pour nous, car c’est ce qui nous pousse à construire, et non à réaliser des œuvres d’art. C’est là toute la différence entre un artiste et un architecte. Nous nous inscrivons dans la réalité vécue, perçue et émotionnellement ressentie.

    - Nous ne voyons pas l’architecture comme une spécialisation technique, mais comme une discipline consacrée au dessin de l’espace.

    - Les études d’architecture nous semblent être les plus complètes, car elles sont à la fois généralistes et intensives sur le plan de l’apprentissage. Elles nous aident à nous libérer des contraintes et des conventions. Le défi technique, pour un architecte, se résout avec l’expérience. Le véritable enjeu, c’est la liberté de concevoir.

    - Le beau : nous ne cherchons pas à définir ce qu’est le beau, mais à atteindre quelque chose qui nous semble à la fois sensible et intelligent.

    - Le premier conseil aux jeunes : ne pas s’autocensurer. La première des portes à franchir ; c’est celle qu’on oppose à soi-même ».

    - La culture française est profondément ancrée dans le marché public, un système où les autorités publiques jouent le rôle de donneurs d'ordre et de maîtres d'ouvrage. Ce modèle suscite l'admiration du monde entier. Pour notre part, nous avons choisi de nous tourner vers l'international, car ce sont principalement nos contacts qui nous ont orientés dans cette direction.

    - ll y a en France l’idée que l’architecte a une responsabilité vis-à-vis du public. En France, il y a obligation de recourir à un

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    1 hr
  • LE TRAIT - Episode 52 - Vigie du Design
    Jan 27 2025

    Jean-Christophe Camuset : Vigie du design

    Journaliste à Elle déco depuis 2021, Jean-Christophe Camuset a affiné son regard depuis ses débuts à IDEAT. Spécialiste du design et de la décoration, ainsi que des technologies, il cultive une passion communicative pour ces deux domaines qu’il explore avec un enthousiasme contagieux.

    Le Trait lui a demandé comment il repère les designers et ce qui le touche dans leur travail. Selon lui, le design repose sur deux éléments essentiels : l’intention et la contrainte. Pour lui, le designer est avant tout un artiste, mais un artiste soumis aux contraintes de la production et de la fonctionnalité. Le design, c’est toujours une rencontre entre l’esthétique et le fonctionnel. Jean-Christophe cherche avant tout à mettre en lumière l’innovation, ce qui n’a pas encore été vu, ce qui fait avancer le monde du design.

    S’il est passionné par la technologie, il estime que celle-ci doit servir la poésie, plutôt que d’être un simple effet de mode. À la rédaction de Elle déco, trois journalistes, chacun avec sa propre vision de l’image et de l’objet, se concertent pour repérer les nouvelles tendances et dénicher l’exclusivité. Ce travail l’amène à voyager fréquemment et à rencontrer de nombreux designers.

    Jean-Christophe reconnaît être moins attiré par le design scandinave, préférant le côté « débridé » et joyeux du design méditerranéen, en particulier celui d’Italie. Il évoque également la transformation en cours dans le monde du design, où les jeunes créateurs, moins soutenus par les fabricants qu’auparavant, semblent plus libres et créatifs. Ces nouveaux designers fabriquent eux-mêmes, ce qui leur permet de garder une approche plus authentique et novatrice.

    Il souligne aussi la différence fondamentale entre le monde du design et celui du luxe. Bien que le design soit souvent associé au luxe, il réalise des marges bien plus faibles, et les éditeurs du secteur n’ont pas la même surface financière que les acteurs du luxe.

    VERBATIM

    «- Le design est indispensable dans la société dans laquelle nous vivons.

    - Je ne crois pas qu’il y ait de frontières entre art et design. Il n’y a que des zones grises. Les frontières se brouillent de plus en plus.

    – Je préfère aller chercher ceux qui font les choses différemment et qui font avancer le design et la décoration.

    – J’essaie de repérer ce qui est nouveau, ce qui ne relève ni de la redite ni du passéisme.

    – La technologie doit être au service de la poésie. Je n’aime pas la technologie pour la technologie.

    – Le monde du design évolue profondément avec moins d’acteurs traditionnels. Il y a une grande effervescence parmi les jeunes designers à Paris, Berlin, Londres. Les éditeurs, par frilosité, se tournent de plus en plus vers les grands noms déjà établis, ce qui laisse moins de place aux jeunes talents.

    – Les jeunes designers ne peuvent plus compter sur les grands fabricants pour vivre de leur art.

    – La formation en design est de qualité en France, mais après leurs études, les jeunes designers ne travaillent pas forcément dans leur domaine. Il y a peu de fabricants en France.

    – Le rôle du designer, c’est de se fondre dans l’ADN du fabricant. Cela fait partie des contraintes. Mais souvent, les fabricants se replient sur ce qu’ils savent faire, plutôt que de prendre des risques.

    – Le design, bien qu’étroitement lié au luxe, génère des marges infiniment plus faibles. Par conséquent, la surface financière des éditeurs est plus réduite. Les coûts de fabrication, de manutention et d’expédition sont considérables.

    – La crise du retail est profonde. Les designers doivent aujourd’hui travailler à 360 degrés, là où ils peuvent apporter quelque chose, notamment dans des domaines comme la scénographie, le design graphique, le design produit.

    – L'intelligence artificielle : les designers doivent s’emparer des technologies pour renouv

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    42 mins
  • LE TRAIT - Episode 51 - Marine Peyre
    Dec 13 2024

    Marine Peyre. La fabrique d’un designer.

    Depuis son stage chez Inflate Design à Londres dans les années 90, où sa passion pour le design s’est solidement enracinée après des études d’architecture et aux Beaux-Arts de Marseille, Marine Peyre n’a cessé d’expérimenter et de se réinventer. Dans cet épisode du Trait, elle nous partage ses débuts et son parcours, animée par un enthousiasme indéfectible et une volonté de toujours aller de l’avant. Ces valeurs, dit-elle, ne l’ont jamais quittée.

    Parmi ses premières réalisations, elle a lancé la marque « Cooked in Marseille », aujourd’hui disparue, qui a marqué les premières étapes de son aventure créative. Sa démarche était ancrée dans le désir d’explorer ce qu’elle appelle un « design contextuel ». Concrètement, elle se demandait : est-ce que l’esthétique d’une ville, d’une région ou d’un pays, ses formes, couleurs et matières peuvent être retranscrites à travers un objet ou un mobilier ? L'idée se traduisait par une gamme ludique dans l'esprit du Tupperware, avec des créations en silicone. Marine Peyre a toujours eu à cœur de détourner les usages traditionnels des produits.

    Cependant, cette aventure s’est arrêtée lorsqu’elle a refusé de produire des objets « made in China », alors que les produits en silicone chinois envahissaient le marché européen.

    Cherchant à dépasser l’objet, Marine Peyre a souhaité se tourner vers l’espace. Sa formation aux Beaux-Arts lui a offert une grande liberté créative et cultivé son goût du concept, un élément essentiel dans ses créations actuelles.

    Elle considère que l'humilité est la qualité principale d’un bon designer. « Il ne s’agit pas seulement de faire un beau dessin, mais de se demander si le projet est réalisable, quel matériau il faut inventer, et comment travailler avec les équipes pour le rendre concret. Le coût de fabrication et le prix de vente doivent être cohérents », explique-t-elle.

    Marine Peyre nous dévoile également la réalité du métier de designer indépendant, sans éluder les difficultés que cette profession engendre, notamment le fait qu'elle n'est pas aussi bien référencée que celle d'architecte par exemple.



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    1 hr and 2 mins
  • LE TRAIT - Episode 50 - Les Fauves de l'enchère
    Oct 31 2024

    Dimitri Joannidès est le co-fondateur de la maison de vente FauveParis, créée il y a 10 ans et qui s'est déjà taillée une belle réputation. Tous les fondateurs avaient alors la trentaine et travaillaient dans des maisons de vente prestigieuses. Ils ont l'idée d'élargir l'accès aux enchères traditionnelles et de casser les codes par rapport aux maisons de vente traditionnelles. Une audace certaine donc face à de grands noms comme Christie's ou Drouot.

    Fauve doit d'ailleurs son nom aux artistes « Fauve » : Derain, Matisse, Braque... qui se sont illustrés par leur volonté de renouvellement...Le journal Les Echos a classé Fauve cette année parmi les 500 entreprises françaises les plus dynamiques. L'entreprise est en pleine croissance dans un contexte relativement morose. La flexibilité de la maison leur a permis de tirer leur épingle du jeu durant le Covid notamment car les ventes ont continué.

    Dimitri Joannidès reçoit Le Trait au siège de Fauve, situé rue Saint-Sabin dans le 11e arrondissement : un espace de 750m2, inspirant, joyeux et bohème, rempli d'œuvres d'art, lieu d'expertise, de stockage, de vente et de retrait. Spécialisé dans les œuvres d'art, les arts décoratifs et l'art de vivre, FauveParis organise une vente aux enchères publique chaque samedi matin, précédée d'une semaine d'exposition des biens mis en vente. S'installer à l'Est de Paris et non pas dans le triangle d'or (Paris 8e) était en soi déjà disruptif et signalait « la volonté de libérer les enchères ». Fauve dispose désormais également d'un lieu place des Vosges : « cela institutionnalise un peu plus la maison dix ans après notre création, c'est important aussi. (...). On sent une curiosité de la part des autres maisons. Notre image de marque est décorrélée de notre taille réelle. Parfois, nos clients étrangers pensent qu'on est plus gros qu'on est ». Fauve a réalisé la première vente NFT (Non-fungible token) en France.

    Dimitri Joannidès est spécialisé sur le 20e en peinture, estampes. Il se décrit comme un bon généraliste avec quelques lacunes sur l'Asie et l'Afrique. La maison fait appel à des experts extérieurs en cas de doute. Il estime qu'il est aujourd'hui très important dans ce métier d'avoir une spécialité de niche.

    Dans cet épisode du Trait, Dimitri Joannides partage avec enthousiasme sa passion pour son métier.

    VERBATIM

    - On veut faire bouger les lignes. On sent un peu la querelle des anciens contre les modernes comme lorsque nous avons réalisé la première vente NFT en France.

    - On est tous contents de venir le matin. On n'est pas soumis à un plan d'actionnaire qui nous demanderait une rentabilité de 15%. Par chance, elle est d'ailleurs supérieure...On s'est dit : est-ce que nous voulons à tout prix faire de la croissance ? Une maison Fauve Bruxelles, Londres, Athènes, cela s'est présenté, mais cela ne s'est pas fait. Notre travail est très intuitu personae.

    - On voulait dans les 10 ans, être dans les 10 premières maisons, on ne l'est pas en chiffre d'affaires. Mais ce qu'on aime avant tout, c'est raconter de belles histoires et la quête d'une œuvre.

    - On intervient à des moments de vie particulier : les « 4D » dettes, divorce, décès, déménagement... On a des personnes de tous âges : des personnes qui ont trouvé des choses incroyables dans des brocantes, qui ont hérité, des personnes âgées qui vendent des bijoux, et d'autres qui veulent faire évoluer leur collection...

    - La clé pour nous, ce sont les vendeurs. Il faut trouver les objets. Il faut avoir l'objet. La chasse aux trésors ; c'est la guerre la plus rude avec nos confrères.

    - Parmi les éléments qui peuvent faire la différence : nous sommes rapides sur les ventes même pour des belles ventes.

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    56 mins