Des réacteurs d’avions transformés en centrale électrique ?
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La course à l’intelligence artificielle est aussi une course à l’énergie. Pour alimenter des centres de données toujours plus gourmands, tous les leviers sont désormais actionnés, quitte à reléguer les considérations climatiques au second plan. Dans ce paysage déjà sous tension, un autre secteur énergivore entre en scène : l’aviation. Deux univers que tout oppose en apparence, mais qui partagent en réalité trois obsessions communes : la vitesse, la puissance et l’accès à l’énergie.
C’est précisément ce croisement inattendu qu’exploite Boom Supersonic, l’avionneur américain qui rêve de faire renaître le vol supersonique civil avec son appareil Overture. Faute de financements suffisants pour mener seul ce projet coûteux, la start-up a trouvé une voie de diversification audacieuse : transformer un moteur d’avion… en générateur électrique pour l’IA. Le principe est simple : une turbine reste une turbine. Le moteur Mach 1+ Symphony, conçu pour propulser un avion supersonique, a été adapté pour produire de l’électricité au sol. Ce dérivé, baptisé Superpower, fonctionne comme un turbogénérateur alimenté au gaz naturel — ou au diesel en secours. Le cœur technologique reste très proche de la version aéronautique : près de 80 % des composants sont identiques. La principale différence réside dans l’ajout d’étages de compression et d’une turbine à vapeur libre, dont la rotation génère l’électricité. Résultat : un générateur compact, à peine plus volumineux qu’un conteneur de fret, capable de produire jusqu’à 42 mégawatts en continu, sans système de refroidissement actif, même sous 43 °C. Autre atout majeur : une mise en service en une quinzaine de jours, là où la construction d’infrastructures énergétiques classiques prend des années.
Boom Supersonic affirme déjà avoir séduit des clients. L’entreprise Crusoe, spécialisée dans les infrastructures pour centres de données, a commandé plusieurs unités Superpower pour une capacité cumulée annoncée de 1,21 gigawatt. Une puissance équivalente à celle d’une centrale électrique de taille respectable. À première vue, l’alliance entre aviation et intelligence artificielle surprend. Mais aux États-Unis, la demande énergétique liée à l’IA explose à un rythme tel que d’anciennes centrales nucléaires sont parfois réactivées. Les projections évoquent un doublement de la consommation électrique des data centers dans les prochaines années. Dans ce contexte, un générateur capable de fournir une énergie massive, stable et rapidement déployable apparaît presque logique. Reste une question majeure, largement éludée pour l’instant : celle de l’empreinte carbone. Car derrière cette ingénierie brillante, l’énergie fossile demeure au cœur du système — un paradoxe de plus dans la révolution numérique en cours.
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